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Des enseignants gersois rendent leurs palmes académiques

D 23 février 2011     H 20:19     A Collectif     C 0 messages


Lors du rassemblement du mercredi 23 février devant l’Inspection académique du Gers, quatre enseignants du département ont rendu leur décoration en signe de protestation contre la casse du service public d’éducation.

Cette action a donné lieu à des prises de paroles émouvantes, vous trouverez ci-dessous les courriers de ces enseignants justifiant leur action.

- Lettre de Mme Filhos
« Aujourd’hui, je ne reconnais pas le Service Public au sein de L’École. […] _ Depuis la rentrée de septembre 2010 nos collègues qui débutent sont en grande souffrance. […] Les élèves en difficulté subissent la double peine : ils ne bénéficient plus de l’aide des personnels des Rased et ils se retrouvent dans des classes chargées ou très chargées puisque vous affichez une carte scolaire inacceptable. […] Écoutez donc les enseignants et en particulier ceux qui sont entrés en résistance parce qu’ils veulent continuer à former des citoyens libres, dignes, égaux, éclairés et autonomes qui font l’honneur de la République. […] Je ne peux, Monsieur le Ministre, que vous transmettre ma profonde peine. »

- Lettre de Mme Saint-Loubert
« Aujourd’hui, ce geste est ma seule façon de protester contre la casse de notre système éducatif, contre ces trop nombreuses suppressions de postes d’enseignants et contre l’ensemble de la politique d’éducation menée par le gouvernement. […] Vous renvoyer cette distinction, Monsieur l’Inspecteur, n’est pas, pour moi, un geste anodin. J’ai aimé mon métier passionnément et je crois avoir donné, comme beaucoup d’autres, le meilleur de moi-même pendant ces années au service de l’École.
Moi, la fille d’ouvriers immigrés, républicains espagnols, je dois tout à l’École Publique et à ses enseignants qui m’ont transmis les valeurs de la République, les valeurs de ce pays qui avait accueilli ma famille et me permettait d’étudier mais aussi et surtout d’être libre. […] Moins de moyens, c’est sacrifier des enfants, semblables à celle que j’étais.
L’École Publique Laïque a toujours été pour des générations d’enfants du peuple, un formidable ascenseur social. Elle ne le sera plus.
Une société pour laquelle l’éducation n’est plus une priorité, qui brise les espoirs et les rêves de réussite des jeunes, conduit souvent à des débordements violents. Qui peut le souhaiter ?
Nous savons aussi que les parents qui en auront les moyens se tourneront vers des structures privées. Qui le souhaite ?
[…] Monsieur l’Inspecteur, vous ne lirez peut-être pas ce courrier, mais s’il vous parvient, sachez combien l’enfant, la directrice d’École que j’étais, la grand-mère que je suis devenue a mal « à la République », mal « à son École ».
Je ne pense pas que ces mots jetés avec émotion sur le papier inverseront le cours des évènements mais je tenais à les crier. »

- Lettre de M. Lemieux
« Aujourd’hui, au nom d’une logique arithmétique à courte vue, la carte scolaire détricote ce généreux projet ; l’École des campagnes est saignée à blanc avec, de surcroît, une « prime à la casse » pour ceux qui obtiendront à moindre frais, sans trop de vagues sociales, les « résultats » établis avec une règle à calcul.
Pour le vieil homme que je suis et qui, pendant près d’un demi-siècle, n’a ménagé ni son temps, ni sa peine pour que les enfants étudient et vivent dans leur milieu, dans des écoles à taille humaine, c’est non seulement douloureux mais surtout insupportable. Aussi, c’est sans regret que je renonce à ces distinctions qui, je le comprends maintenant, pourraient justifier une situation qui m’indigne ; les conserver serait hypocrite et malhonnête et dévaloriserait le combat que j’ai mené et mène encore pour l’École Publique… et Laïque. »
- Lettre de M. Boyer
« Oui, notre manifestation est politique, au sens le plus noble du terme. Oui, nous les enseignants, nous avons un beau métier et il le restera tant que nous aurons les moyens de faire progresser les enfants les plus démunis.
J’estime que nous avons le devoir de dénoncer les mauvais choix de ceux qui sont en train d’appauvrir, d’affaiblir notre école publique, comme jamais elle l’a été depuis trente-cinq ans que j’enseigne dans ce département.
C’est là le sens que je donne à ce geste symbolique : "Monsieur le Ministre, reprenez votre estime et rendez-nous nos postes !" »

Dans la presse :
- 01.03.2011 : Éducation : le mouvement de renvoi des Palmes académiques s’amplifie, Le Monde.
- 26.02.2011 : Cinq Gersois renoncent aux Palmes académiques, Sud Ouest.
- 25.02.2011 : Gers : ils rendent leurs palmes académiques, Sud Ouest.
- 24.02.2011 : Là-bas si j’y suis, France Inter.
- 24.02.2011 : Auch. Ils rendent leurs palmes académiques, La Dépêche du Midi.